Hubert Renard
(C.V.)
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Le monde
samedi 12 juin 1999, Philippe DagenLES ÉNIGMES D'HUBERT RENARD
C'est une inquiétude qui envahit de temps en temps la critique, une question qui lui est posée souvent : ne sommes-nous pas en train d'ignorer des artistes d'importance, pour quelque mauvaise raison ? Dans l'exposition d'Hubert Renard, elle devient presque obsédante. Parce qu'à dire vrai on ne connaissait pas Hubert Renard jusqu'à ce que l'association Un/un décide de le défendre et trouve un appartement pour le présenter.
Dans la première pièce, un diaporama autobiographique, très tien fait, rappelle deux décennies de travaux et d'expositions qui avaient échappé à la vigilance. A Vérone, Lyon, Dijon, Paris, depuis 1971, Renard a présenté ses constructions géométriques, en harmonie avec les lieux où il était invité. L'évolution de son travail est très visible - et exemplaire. La rigueur minimaliste des débuts s'est peu à peu détendue et, si Smith et Judd étaient les références originelles de Renard, il n'est pas demeuré longtemps imperméable aux influences d'Artschwager aux Etats-Unis, de Lavier et d'IFP en France. Aux structures anguleuses, parfois polychromes, ont succédé des photographies en lunettes et en diptyques.
Aujourd'hui, l'uvre de Renard a quitté, sans doute définitivement, l'abstraction ascétique pour le monde des images. Il présente une installation, L'Exposition du bonheur. Une banque nantaise, Bretagne Finance Investissement, lui a confié l'aménagement de son hall d'entrée, pour lequel il a conçu un triptyque de visages des deux sexes, radieux. La communication d'entreprise et la création contemporaine y trouvent chacune leur compte. Décidément cette exposition est une révélation. On comprend mal qu'une uvre aussi cohérente soit restée inaperçue plus de vingt ans. Il y aurait bien une explication, mais surprenante : ce serait que ce passé ne soit que fable, que ces diapositives et ces catalogues ne soient que leurres pour une pantomime d'art contemporain admirablement montée. Mais, dans ce cas, l'exposition serait plus remarquable encore. Au fait, l'auteur de ces images équivoques s'appelle-t-il vraiment Renard?Philippe Dagen