HUBERT RENARD
WORKS
Les archives
C.V.
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UNE IDÉE D'ARTIFICE
Exposition à la Galerie de l'Artothèque de Lyon,
Bibliothèque de la Part-Dieu, Lyon - France
du 1er février au 5 avril 2003


Première tentative de présentation simultanée des différentes formes du travail : en vitrine et sous pochettes plastiques les Archives d'Hubert Renard, sur une ligne parallèle, la Collection d'images du Château Landon et encore un niveau au dessus, un choix de sténopéphotographies. Les vidéos Passages sur un moniteur, et L'idée d'artifice dans une salle de projection.

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artotheque 3

artotheque 3

Photos : Didier Nicole pour la Bibliothèque Municipale de Lyon


ARTICLE
TOPO, janvier / février 2003
ALAIN FARFALL
Hubert Renard, le rusé
Les chemins de balade dans l'œuvre d'Hubert Renard sont multiples et entrecroisés : il y a la piste "environnementale", qui mène aux pièces du début, situationnistes, mais aussi aux Architectures de Krefeld (1990), le boulevard des "stéréotypes", qui relie les pièces sculpturales des années 80 aux photographies de repiquage de la presse, et qui se divise en une allée du "corps humain" avec des œuvres comme les Expositions du bonheur (1988-89) et en un passage de la "reproduction technique", qui rejoint les Quatre murs de béton (1981) aux Architectures… Ainsi, les travaux les plus récents sont toujours l'occasion de revisiter et de réinterpréter l'ensemble du travail réalisé, et l'œuvre de développe de façon quasi végétale. Aujourd'hui les imposants Monuments ont laissé la place à de jeunes lentilles (Paysages, 1990, onze macrophotographies de pousses de lentille), qui opèrent une fine réconciliation avec la représentation. La prédilection de Renard pour les formules hybrides entre science et naïveté apparaît clairement ici. Ces Paysages répondent à un procédé régulièrement utilisé par l'artiste, qui consiste à suggérer par un système érudit des règles de pensée liées à des choses ordinaires, telles des chaises ou des meubles. Toutefois, malgré l'utilisation de la macrophotographie, savante technique d'observation du monde, ces images ne sont scientifiques que dans la forme : elles mesurent le spectateur et mettent en espace les perspectives humaines, ce qui semble finalement être l'épicentre et la dynamique même du travail d'Hubert Renard. L'artiste capte notre esprit en composant des gammes - organisées en sections dans l'exposition de Krefeld, en contre-regard avec d'autres éléments dans le catalogue - avec ces pousses de lentilles, ces embryons de vie, déjà inquiétants. L'élément ludique, constant dans son œuvre, se manifeste par la proximité antinomique de l'esthétique et du scientifique, évoquant celle du spirituel et du physique. Renard est un gosse qui a trouvé le microscope du cours de sciences naturelles et qui fait comme un savant, "comme les grands". Et jouer à observer le monde, c'est déjà créer. Comme les Monuments interrogeaient la place de l'homme dans la nature en nous mesurant posément à la rigueur du construit, les Paysages nous menacent dans notre intégrité physique, par le truchement de l'échelle, procédé photographique qui porte en lui l'implosion iconographique du monde. Ils constituent une sorte de paradigme de l'agrandissement, opération étonnante qui consiste simplement à réduire le cadre. Plus le cadre sur le monde est petit, plus l'image obtenue le détaille. Le pouvoir transcendantal du travail est proportionnellement induit de sa capacité à s'immerger dans le matériel. Le simple grossissement d'une pousse de lentille (une lentille est un élément de l'objectif de l'agrandisseur…), peut s'avérer une méditation sur le fait non pas botanique, mais bien ontologique.
Alain Farfall

ARTICLE
TOPO, janvier / février 2003
FRANCOISE LONARDONI
Question de focale
"Jamais je n'aurais réalisé ces œuvres dans le réel" disait Hubert Renard en 1997, considérant son dernier catalogue d'exposition. Si l'on découvre souvent des œuvres au travers de catalogues d'exposition, le travail d'Hubert Renard ne peut se découvrir que par ce moyen-là. Ses expositions ont pourtant bien existé, elles sont bien le fruit de son travail, mais - question de focale - elles n'ont existé qu'à une échelle de lilliputien. Il revient donc aux catalogues - objet final du processus - de leur assurer une existence plausible, à travers les indices que nous aimons trouver dans ce genre de publication textes rédigés dans un registre critique, vues des œuvres ou de l'exposition, biographie et bibliographie finales, le tout mijoté dans une institution fleurant bon la loi de décentralisation ou la coopération européenne.
Où est le ressort de l'histoire ?
La fiction est décelable à travers d'imperceptibles dérèglements tout d'abord, un décalage chronologique de dix ans que l'artiste entretient entre la véritable réalisation du travail, et la date du catalogue. Ainsi dans le curriculum vitae, sa première exposition a-t-elle eu lieu en 1971 (lui qui est né en 1965...). Il est plus difficile de mettre en doute l'existence des lieux qui exposèrent Hubert Renard, tant ils ressemblent aux institutions qui remplissent les CV d'artistes. Pourtant, il serait difficile de retracer l'action du Centre Limousin d'Art et de Culture ou de la Kunsthalle de Krefeld... comme il serait malaisé de dresser la liste des articles signés Alain Farfall, en dehors de ceux qu'il consacra fidèlement à Hubert Renard. Peu à peu, ces indices poussent le spectateur à ré-examiner tout ce qu'il a vu : qui a écrit les textes ? À quel artiste s'appliquent-ils ? Qui est ce critique d'art ? Cet espace d'exposition existe-t-il ? Quel est l'âge d'Hubert Renard ? Quelle est la véracité de ces archives ?
Françoise Lonardoni

ARTICLE
Lyon Capitale, janvier 2003
Hubert Renard, artiste-caméléon
Le doute revient parfois chez les critiques : et si la production de tel ou tel artiste était dictée par un phénomène mimétique ? Qu'en est-il de ces plasticiens qui sont conceptuels lorsque la tendance est à la dématérialisation de l'œuvre, minimalistes lorsque l'art renonce au style, avant de se mettre à la photo couleurs grand format? On pourrait poser ces questions à Hubert Renard, dont le parcours, retracé dans une expo à la galerie de l'artothèque, passe par ces différents courants. Un itinéraire que transcrivent des articles de presse, des photos et des catalogues d'exposition, se mêlant pour donner l'image d'un artiste-caméléon, crawlant sur les modes successives d'un art un peu standardisé. Sauf que chez Hubert Renard, tout est fiction. Les articles sont imaginaires, les lieux, les mécènes sont inventés et les expos n'existent qu'à l'état de maquette. "Il n'y a rien de plus intéressant qu'un malentendu", souligne Hubert Renard, dont la démarche montre qu'on a parfois tendance à se contenter de photos, de critiques ou de catalogues pour se faire une idée d'un artiste. Sans même voir les œuvres elles-mêmes, qui du coup, perdent leur aura. Une approche caustique (on se gondole devant la caricature de l'artiste et d'un critique d'art jargonnant au cours d'une vraie-fausse interview-vidéo), dans laquelle se dissimulent quelques "vraies" œuvres à ne pas rater. Comme ces vidéos en plan fixe de New York, Venise, Paris et Brooklyn, dans lesquelles on se prend à voir des séquences scénarisées alors que tout est réel.
P.T.